Comment le Vehicle-to-Grid (V2G) peut-il réduire les coûts de flotte ?

Les véhicules électriques pourraient bientôt devenir un élément clé du système énergétique belge. Avec le concept de Vehicle-to-Grid (V2G) les véhicules électriques ne se contentent pas de recharger mais aussi remettre l'électricité sur le réseau. Il attire de plus en plus l'attention des responsables RH et de flotte qui tentent de trouver un équilibre entre coûts, durabilité et flexibilité.

Lors de la deuxième édition de notre évènement Crossroads, les experts du secteur Philippe Vangeel (EV Belgium) et Nicolas Verstraete (Next Mobility) ont rejoint Nick Bols (Mbrella) lors d'une table ronde pour explorer ce que signifie réellement le concept deV2G, le futur proche dans lequel son implémentation se situe, et ce que les entreprises peuvent faire pour s'y préparer.

Qu'est-ce que le V2G ? Pourquoi est-ce important ?

La plupart des véhicules électriques d'aujourd'hui, consomment juste l'électricité. Mais comme l'explique Vangeel, « le Vehicle-to-Grid permet également aux voitures de redonner, ce qui contribue à stabiliser le réseau en cas de pic de demande. »

La consommation d'électricité de la Belgique évolue rapidement, les énergies renouvelables rendant l'approvisionnement plus variable. Les voitures, qui sont garées 95 % du temps, constituent un vaste réseau de batteries flexible qui pourrait contribuer à équilibrer le système et même à réduire les factures.

« La question n'est pas de savoir si nous allons utiliser le V2G », explique Vangeel. « Mais plutôt de savoir quand ! Le V2G est une nécessité, tant pour le réseau que pour les coûts et pour la transition énergétique. »

Mythes et idées reçues : le V2G endommage les batteries

L'un des plus grands mythes est que le fait de renvoyer de l'électricité au réseau dégraderait les batteries des véhicules électriques.

« Aujourd'hui, nous savons que ce n'est pas le cas », a déclaré Vangeel. « La batterie ne se soucie pas des cycles de chargement et de déchargement courts et lents. Les tests ont été faits et nous avons les preuves. »

En fait, avec la bonne configuration, le V2G peut prolonger la durée de vie de la batterie en évitant les cycles de décharge profonds.

La réglementation comme principal bloqueur

Techniquement, le V2G est prêt. Ou du moins en partie. « Aujourd'hui, environ 150 modèles électriques sont compatibles avec le V2G », explique Vangeel. « Certains chargeurs sont déjà compatibles. La technologie est en avance sur la réglementation. »

Le défi de la Belgique ? Pas encore de cadre juridique ou fiscal clair...

« À l'heure actuelle, les politiques automobiles ne définissent pas comment décharger votre voiture, uniquement comment la recharger », explique Verstraete.

Ce qui soulève de grandes questions relatives aux ressources humaines et à la fiscalité :

• Si un employé envoie de l'énergie depuis sa voiture de fonction jusqu'à son domicile, s'agit-il d'un avantage en nature?
• Comment la TVA est-elle gérée lorsque l'électricité circule dans les deux sens ?

« C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule », explique Verstraete. « Nous avons besoin de la réglementation, mais nous avons également besoin que les entreprises commencent à se préparer. »

Ce que les entreprises peuvent faire aujourd'hui

Même si le V2G n'est pas encore complètement prêt, les experts sont unanimes : les gestionnaires de flotte devraient commencer à se préparer dès maintenant.

1. Mettre à jour les politiques automobiles : Préparez déjà les nouvelles politiques en incluant la future recharge bidirectionnelle, et clarifiez le fonctionnement de la consommation d'énergie et du remboursement.
2. Demandez la mention « Prêt pour la V2G » dans les appels d'offres : Même si l'activation prend du temps, cela garantit une compatibilité à long terme.
3. Travaillerz avec des partenaires du secteur de l'énergie : « Il ne s'agit plus uniquement de gérer des voitures », explique Vangeel. « La gestion du parc automobile fait désormais double emploi avec la gestion de l'énergie. »

Il souligne que les gestionnaires de réseaux de distribution (GRD) de Belgique, tels que Fluvius et Sibelga sont confrontés à de fortes pressions pour moderniser les réseaux locaux. « Si nous continuons à créer des pics nocturnes, ils devront mettre plus de cuivre dans le sol, et c'est ça qui augmente la facture de tout le monde », prévient-il. « Le V2G peut aider à éviter cela. »

Des "batteries sur roues"

Avec le Vehicle-to-grid (V2G), les voitures de société peuvent faire partie d'un écosystème énergétique. Au lieu de rester inactives 95 % du temps, les voitures électriques en stationnement peuvent stocker et restituer l'électricité, ce qui contribuerait à la fois l'entreprise et au réseau national.

Verstraete souligne :

« À 9 h 30, la plupart des voitures sont juste stationnées avec leur batterie pleine. Imaginez si nous pouvions utiliser cette flexibilité, même partiellement, pour aider le réseau ou le bureau. »

Dans la pratique, ça signifierait :

• Une baisse des factures d'énergie: Les véhicules électriques peuvent décharger de l'énergie pendant les heures de pointe et se recharger lorsque les prix sont bas, réduisant ainsi les coûts d'électricité des bureaux ou des dépôts.
• Support et sauvegarde du réseau: Les flottes peuvent contribuer à stabiliser le réseau ou même fournir une alimentation de secours en cas de panne, en particulier lorsqu'elles sont associées à des panneaux solaires sur site.
• Des nouvelles sources de revenus: Grâce à des personnes agréées, les entreprises pourraient vendre l'énergie ou proposer des services de flexibilité au gestionnaire du réseau.
• Préparation du matériel: Comme l'a noté Philippe Vangeel, « près de 150 véhicules électriques disponibles aujourd'hui sont prêts à être connectés au réseau ». La technologie est-là. Il s'agit principalement de la débloquer grâce à un logiciel et à une planification intelligente.

Cette flexibilité pourrait mener à un nouveau type d'économie de flotte, dans laquelle les voitures génèrent de la valeur au lieu de simplement consommer de l'énergie.

« Les flottes électriques sont déjà compétitives en termes de coûts », déclare Verstraete. « Ajoutez le V2G et le coût total de possession ne fait que s'améliorer. »

RH et flotte : évolution de carrière

Pour les responsables RH et de flotte, cette évolution du secteur implique de penser au-delà des voitures.

« Vous ne vous contentez plus de gérer des véhicules », explique Vangeel. « Vous gérez l'énergie, la recharge et, bientôt, la flexibilité. »

Cela signifie aligner politiques de mobilité, contrats énergétiques, et avantages sociaux dans un cadre unique.

Et ça arrive vite : selon les règles de l'UE, à partir de 2027, tous les nouveaux chargeurs publics doivent être prêts pour le bidirectionnel.

Points à retenir pour les RH et de flotte

Le V2G va transformer la flotte des entreprises en un atout plus intelligent, moins cher et plus durable. Alors, devriez-vous déjà agir dès maintenant ? Oui, mais intelligemment. La technologie n'est pas encore complètement là, mais elle arrive plus vite que prévu.

L'adoption à grande échelle de la V2G prendra quelques années, mais pérenniser votre stratégie de flotte dès aujourd'hui vous évitera des coûts conséquents, et d'agir dans la précipitation plus tard.

Commencez par :

• Passer en revue votre politique automobile concernant la recharge et l'utilisation à domicile.
• Demander aux fournisseurs une mention "Prêt pour le V2G" pour voitures et chargeurs.
• S'associer avec des experts en énergie capables de gérer la complexité technique et réglementaire.

« Attendre le gouvernement ne fonctionnera pas », déclare Vangeel. « Le secteur privé doit montrer l'exemple. Avec des propositions claires et pratiques. »

Et quand ce sera le cas, les entreprises qui auront élaboré leurs politiques, leurs outils et leur état d'esprit seront celles qui réduiront les coûts et alimenteront le réseau.

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