Voitures électriques : quel impact sur la sécurité routière ?


Ce que révèlent les recherches de la VIAS Academy sur le comportement des véhicules électriques sur les routes belges
Les véhicules électriques (EV) continuent de gagner du terrain en Belgique et représentant désormais plus de 6 % du parc automobile particulier. Au vu d'un changement qui ne cess de s'accélèrer, Manon Feys, cheffe de recherche et de projet chez VIAS Academy (road safety and mobility training centre), aborde une question importante : quel est l'impact de l'électrification sur la sécurité routière ?
« Nous constatons une augmentation du nombre de voitures électriques dans notre parc automobile belge », a déclaré Feys. « On se pose donc la question de savoir si celles-ci peuvent présenter des risques spécifiques en matière de sécurité routière autant pour les conducteurs que pour les autres utilisateurs de la route. »
Les voitures électriques ne causent pas plus d'accidents
VIAS Academy a examiné les données sur les accidents en Belgique entre 2017 et 2023, à l'aide de statistiques officielles de données de flottes, du kilométrage et d'une vaste enquête auprès des conducteurs. L'analyse a révélé que les voitures électriques ne sont pas impliquées dans plus d'accidents par kilomètre parcouru que les voitures à essence ou diesel.
« Les voitures électriques présentent même un facteur de risque d'accident inférieur à celui des voitures diesel ou à essence », explique Feys.
En bref, l'augmentation du nombre d'accidents liés aux véhicules électriques reflète simplement le nombre croissant de ces véhicules sur les routes, et non un danger intrinsèque plus élevé.
Prendre en compte les usagers vulnérables
C'est dans collisions impliquant des piétons et des cyclistes qu'on note plus de différences. Environ 29 % des accidents impliquant des EVs concernent un usager vulnérable, contre 22 % pour les voitures conventionnelles.
Feys attribue cela en partie à la géographie et à l'infrastructure (les véhicules électriques sont plus courants en Flandre, où le trafic est plus dense) et en partie à fonctionnement silencieux de véhicules électriques à basse vitesse.
« Les voitures électriques n'émettent pas de bruit moteur à ces vitesses plus basses », a-t-elle noté. « Cela peut être un facteur de risque dans les rues en ville. »
Physique et sécurité
Les véhicules électriques ont tendance à être plus lourds et plus puissants que les véhicules à combustion. Cette masse supplémentaire a tendance à protèger les occupants des véhicules électriques, mais augmentent les forces d'impact lors de collisions.
Cependant, Feys a été claire : le type de véhicule lui-même ne détermine pas la gravité des blessures ; elle est principalement liée à la vitesse et au lieu de l'accident. Les véhicules électriques, étant plus récents et équipés de systèmes de sécurité avancés, sont souvent plus performants pour protéger leurs conducteurs et leurs passagers.
Un temps d'adaptation
L'enquête VIAS a révélé que les conducteurs de véhicules électriques doivent s'adapter aux caractéristiques de leur voiture. La plupart des personnes interrogées ont déclaré qu'ils n'accélèrent pas plus souvent, mais environ un sur huit a admis qu'une forte accélération restait parfois tentante.
« Une Tesla Model 3 peut atteindre 0 à 100 km/h en 3,3 secondes », explique Feys. « Ce type de puissance était autrefois réservé aux voitures de sport de luxe. »
Les conducteurs ont également déclaré être conscients du silence des voitures et ont indiqué qu'ils ajustaient leur comportement en conséquence. Beaucoup ont mentionné l'adaptation au freinage régénératif et aux différents systèmes de transmission (propulsion arrière ou transmission intégrale), qui modifient légèrement la sensation de conduite par rapport aux voitures à combustion.
Intégrer des petites habitudes
Un conducteur sur quatre a déclaré qu'il se garait parfois dans le sens inverse pour atteindre une borne de recharge. Un comportement mineur, mais important à prendre en compte.
« Ça semble inoffensif », explique Feys, « mais le fait de se garer dans le sens inverse de la circulation augmente le risque de collision et est techniquement contraire au code de la route ».
Les résultats de la VIAS Academy dressent un tableau clair : les véhicules électriques ne sont pas moins sûrs, mais il est nécessaire d'être plus vigilant, d'avoir une conduite responsable et d'avoir des infrastructures adaptées aux besoins spécifiques des conducteurs.
« Nous avons besoin de voitures sûres et intelligentes, mais nous avons également besoin de conducteurs sûrs et intelligents », a conclu Feys. « Cela signifie qu'il faut être conscient du silence, utiliser les bons pneus, comprendre les systèmes de votre voiture et veiller à ce que le véhicule soit bien entretenu. »
En d'autres termes, la mobilité électrique n'aggrave pas la sécurité routière, mais modifie la manière dont celle-ci doit être envisagée.